Un confrère écrivait à juste titre d’ailleurs, que le Gabon est un pays béni des Dieux parce que doté de tous les atouts pour être autosuffisant.

Les terres sont fertiles, la pluviométrie abondante avec 2.380 mm soit 166 jours de pluie pour seulement 1607 mm soit 144 jours de pluie au Ghana (un grand pays agricole en Afrique), une bonne répartition de la lumière solaire, des milliers d’hectares des terres cultivables disponibles.

Malgré tout cela, le Gabon ne produit rien pour couvrir les besoins alimentaires. Au contraire, il importe tout, à commencer par les denrées alimentaires.

Un grand paradoxe qui ne s’explique pas seulement par l’insuffisance d’une main d’œuvre stable et en nombre et encore moins par le manque de moyens financiers et techniques.

Il fut un temps où avec ces paramètres climatiques, le Gabon produisait et exportait même, des produits agricoles, en particulier le café et le cacao (parmi les meilleurs d’Afrique).

Arriva le jour où l’on découvrit le pétrole en abondance qui ne tarda pas à faire pleuvoir les ressources financières en abondance. Tout s’est arrêté et plus de monde rural. Tout est devenu urbain.

L’homme n’a pas su au moment où les caisses de l’Etat ont été renflouées et l’argent coulait à flot, orienter ces ressources vers des productions pérennes et renouvelables pouvant générer une richesse continue.

Pourtant, à l’époque des vaches grasses, les politiques élaboraient déjà des stratégies de l’après-pétrole via la diversification de l’économie gabonaise.

Qui est-ce qui s’est donc passé entretemps pour que l’on soit continuellement entrain de réfléchir encore et encore sur la diversification de notre économie par l’agriculture, les produits forestiers non ligneux (feuilles, fruits, tubercules, noix, etc.) et les produits halieutiques dont regorgent les 800 km des côtes gabonaises sur l’océan atlantique, de nombreux cours d’eau (rivières et fleuves) qui irriguent tout un territoire de 267.667 km2 ?

Pourtant le pays ne peut se prévaloir d’atouts indéniables pour le développement des secteurs de l’écotourisme et de l’agriculture – élevage-pêche.

De même, le Gabon dispose des ressources notamment le gaz en abondance, pour la fabrication d’engrais de synthèse.

Faut-il rappeler que le Gabon s’est engagé en fin 2008 dans l’élaboration de son programme national de sécurité alimentaire (PNSA) avec l’appui technique de la FAO.

Celui-ci s’inscrit dans le cadre global de réformes institutionnelles et de révision, actualisation et/ou élaboration de documents et stratégies, afin de relancer la croissance socio-économique du pays et lutter contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire.

Son bon suivi aurait pu contribuer à faire des économies sur les 300 milliards de FCFA environ d’importation de denrées alimentaires par an et par conséquent à relancer l’agriculture vivrière en accompagnant les agriculteurs sur le chemin de la modernité pour une meilleure rentabilité.

Pour sa mise sur pied, des consultants nationaux ont sillonné les 9 provinces du pays afin d’identifier les actions à entreprendre et renforcer les connaissances et les acquis du Programme Spéciale de Sécurité Alimentaire (PSSA) achevé en octobre 2008.

Des consultants internationaux et l’équipe du PSSA ont procédé à l’élaboration et finalisation du document du PNSA.

La justification et les enjeux de cette démarche sont louables et nécessaires mais l’agriculture du secteur vivrière reste toujours très réduite et la production locale des denrées alimentaires insuffisantes malgré les efforts des organismes comme l’IGAD.

En effet, le développement de l’agriculture à proximité des grands centres urbains a été fortement stimulé par l’Institut gabonais d’appuis au développement (IGAD) à travers notamment ses programmes d’appui aux petits exploitants proches de Libreville, Franceville et d’Oyem.

La contribution de ces petites exploitations à l’approvisionnement en produits agricoles (principalement maraîchers) des populations urbaines – notamment celle des villes citées est en augmentation croissante – elle se situe actuellement autour de 10%.

C’est à ce jour, le secteur qui contribue énormément à réduire l’insécurité alimentaire qui est une réalité, surtout pour les populations rurales, démunies et celles à bas revenus des grandes villes.

Le développement des cultures maraîchères connaît actuellement un certain engouement et une intensification de leur volume de production notamment à travers les systèmes d’exploitation agricole périurbains.

Les agro-industries créées dès la fin des années 70, sous la conduite de l’Etat, ont échoué dans leur mission et certaines ont été purement et simplement privatisées.

On peut citer entre autre AGROGABON devenue la société d’investissement pour l’agriculture tropicale (SIAT Gabon), secondée dans cette activité par Olam Palmier à huile, la canne à sucre de la SOSUHO devenue SUCAF, l’hévéaculture (HEVEGAB) gérée par SIAT Gabon et encore accompagné par les plantations d’hévéa d’Olam Gabon.

Et les élevages industriels tels que ceux de la volaille (SIAEB) définitive ment fermée et de l’élevage bovin SOGADEL, repris par SIAT Gabon, ont été développés d’une manière intensive dans le but de diversifier l’économie.

Plusieurs facteurs contraignants ont été relevés et expliquent ces échecs en cascade, notamment ceux ayant trait à la gestion des moyens mis à la disposition de ces unités agro-industrielles, l'accès aux moyens de production, au matériel végétal et au système de crédit ou encore l'insuffisance d'accès aux marchés à cause de l'enclavement et/ou de moyens financiers trop faibles.

D’autre part, les petits agriculteurs et éleveurs se plaignent de la concentration à Libreville des centrales d’achat des intrants et autres matériels agricoles et de l’absence de crédits agricoles pour financier leurs activités.

En effet, le manque d’accès à un crédit pour les petits producteurs marginaux constitue un problème important. Le Gabon ne dispose pas d’institution nationale avec un réseau d’agences pour pratiquer le crédit rural à l’échelle du pays.

Le développement du secteur agricole rural au Gabon se heurte à trois contraintes majeures : Faiblesse du capital social et humain notamment une faible densité de population avec de grandes disparités entre les régions et un capital social peu développé;

Faiblesse de l’environnement économique en particulier, un faible développement et une dégradation croissante du réseau routier qui rends les coûts de transports élevés entre les principales zones de production et les marchés urbains;

Faiblesse des capacités de production à cause d’une une main-d’œuvre rurale limitée, peu qualifiée coûteuse, essentiellement féminine et vieillissante. Les atouts et les faiblesses ont été constatés et circonscrits. I

l ne reste que la volonté politique pour la mise en application du code de l’agriculture et la mise à disposition du secteur des moyens conséquents pour lancer l’agriculture Gabonaise via les agences et organismes créés à cet effet.

On en verrait alors vite les bénéfice car la terre ne ment pas.

La terre ne ment pas
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