Il s’est tenu le 31 janvier 2015, en marge de la 24ème session ordinaire du Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en République Démocratique Fédérale d’Ethiopie, une concertation entre les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), à l’effet d’évaluer la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans la sous-région, notamment celle en République Centrafricaine et celle liée à la menace que fait peser le groupe terroriste Boko Haram sur la paix, la sécurité et la stabilité de la sous-région.

Étaient présents à la concertation :

- Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad, Président en exercice de la CEEAC ;

- Obiang NGUEMA MBASOGO, Président de la République de Guinée Equatoriale ;

-  Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo, Médiateur Internationale dans la crise centrafricaine ;

- Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République Gabonaise ;

-  Gervais RUFYIKIRI, 2ème Vice-président de la République du Burundi ;

-  Mahamat KAMOUN, Premier Ministre de Transition de la République Centrafricaine ;

-  Georges CHICOTI, Ministre des Affaires Etrangères de la République d’Angola, Représentant José Eduardo Dos SANTOS, Président de la République d’Angola ;

-  Pierre Moukoko Mbonjo, Ministre des Relations Extérieures de la République du Cameroun, Représentant Paul BIYA, Président de la République du Cameroun ;

-  Léonard NGAYLULU, Conseiller Principal du Chef de l’Etat au Collège chargé des questions politiques et diplomatiques, Représentant Joseph KABILA KABANGE, Président de la République Démocratique du Congo ;

-  Urbino BOTELHO, Ambassadeur Directeur de la Politique extérieure, Représentant Manuel PINTO DACOSTA, Président de la République Démocratique de Sao Tomé et Principe ;

- Ahmad ALLAM-MI, Secrétaire général de la CEEAC ;

-  Abdoulaye BATHILY, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Chef de l’UNOCA et membre de la médiation internationale ;

- Babacar GAYE, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RCA, Chef de la MINUSCA ;

-  Jean-Marie Michel MOKOKO, Représentant Spécial de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine, Chef de la MISAC ;

 

1. Situation en République Centrafricaine

Au cours de la concertation, présidée par son Excellence Monsieur Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad, Président en Exercice de la CEEAC, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont suivi tour à tour le mot introductif du Président de séance, puis l’exposé sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire en République Centrafricaine de Son Excellence Monsieur Mahamat KAMOUN, Premier Ministre de Transition, porteur d’un message du Chef de l’Etat de Transition, Son Excellence Madame Catherine SAMBA PANZA, puis l’exposé sur le processus de médiation par son Excellence Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, Médiateur International dans la crise centrafricaine.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris note de la déclaration du Premier Ministre de Transition et ont réitéré leur confiance et leur soutien à la Transition dans l’accomplissement de sa mission.

Ils ont félicité la Transition pour les progrès accomplis et l’ont exhortée à poursuivre ses efforts afin d’organiser les consultations locales puis le forum de Bangui dans la droite ligne du processus de Brazzaville.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris acte de la déclaration du Médiateur International, Son Excellence Monsieur Denis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo.

Ils lui ont renouvelé leur confiance et leur soutien dans la lourde tache qui lui a été confiée par la sous-région et la Communauté internationale.

Les Chefs d’Etats et de Gouvernement ont pris acte de la prolongation de la Transition pour une période supplémentaire de six mois et ont demandé aux Autorités de la Transition à tout mettre en oeuvre pour tenir les nouveaux délais.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont condamné les violences que continuent de perpétrer certains groupes armés sur la population civile ainsi que les enlèvements de personnes, y compris des personnalités politiques de la Transition.

Ils ont également condamné les entraves à l’organisation des consultations locales par certains groupes armés. Ils ont à cet égard souligné que les auteurs de ces entraves en subiraient les conséquences.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont exprimé leur reconnaissance à la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA), à la Force Européenne (EUFOR) et à l’opération française SANGARIS et les ont exhortées à prendre les mesures appropriées contre les groupes armés qui continuent de semer la désolation dans les familles centrafricaines et de déstabiliser la Transition, et ce, conformément à leur mandat.

S’agissant des difficultés financières que rencontre la Transition tant au niveau du financement du processus électoral qu’au niveau du fonctionnement de l’Etat, les Etats membres de la CEEAC ont noté la nécessité d’apporter leur soutien individuel ou collectif.

A cet effet, l’organisation courant février ou début mars d’une réunion extraordinaire du Groupe International de Contact pour la RCA (GIC/RCA) à Brazzaville au Congo permettra de déterminer les modalités du soutien financier nécessaire.

A cet égard les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont réitéré leur appel à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds en vue d’un appui soutenu à la Transition.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont demandé à l’ensemble des acteurs de la crise centrafricaine de s’inscrire dans le processus de Brazzaville, le seul susceptible de permettre l’organisation apaisée des élections en août 2015 et d’ouvrir la voie à une vie politique normale en République Centrafricaine.

Tout accord ou arrangement signé en dehors dudit processus est nul et de nul effet.

Enfin, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC ont souligné la nécessité d’éviter toute démarche parallèle pouvant compromettre les efforts en cours de la Communauté Internationale visant à rétablir la paix, la sécurité et la stabilité en République Centrafricaine.

 

2. Menace Boko Haram

Concernant la menace Boko Haram, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont condamné, avec la plus grande fermeté, les actes barbares et inacceptables perpétrés par le groupe terroriste contre les Etats du Bassin du Lac Tchad.

Ils se sont félicités des décisions de l’Union Africaine prises lors de la 484ème Réunion du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), notamment celle d’autoriser le déploiement de la Force Multinationale Mixte (FMM) avec un mandat approprié et d’apporter tout le soutien multiforme nécessaire à la réussite de la mission.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont exprimé toute leur solidarité à l’endroit de leur frère Président de la République du Cameroun, Son Excellence Monsieur Paul BIYA, pour la lutte que son pays mène contre l’agression à laquelle il fait face.

Ils ont félicité les Forces de Défense et de Sécurité du Cameroun pour leur bravoure et leur patriotisme et les ont encouragées à poursuivre leurs efforts, sans relâche, jusqu’à l’éradication du groupe terroriste Boko Haram.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont exprimé toute leur gratitude au Président de la République du Tchad, son Excellence Monsieur Idriss DEBY ITNO, pour le soutien fraternel que lui-même et son peuple apportent à la République du Cameroun en envoyant un contingent important pour la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Ils ont félicité les forces tchadiennes pour le lancement réussi de leurs opérations et les premières victoires engrangées lors des attaques dont elles ont été l’objet et les ont encouragées à poursuivre leurs efforts jusqu’à l’éradication totale de la menace Boko Haram.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont marqué leur compassion et leurs condoléances à la République du Tchad pour la perte d’un de ses soldats engagés dans la lutte contre Boko Haram.

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont félicité le Secrétariat général de la CEEAC pour les initiatives prises et ont décidé d’activer les mécanismes appropriés de la Communauté, notamment le Pacte d’Assistance Mutuelle entre les Etats membres de la CEEAC et les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Afrique Centrale (COPAX) en vue de mettre en place une stratégie sous-régionale pour soutenir le Cameroun et le Tchad dans lalutte contre le groupe terroriste Boko Haram qui menace de déstabiliser la sousrégion.

A cet effet, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC ont décidé de tenir de toute urgence une session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement du COPAX le 16 février 2015, à Yaoundé, République du Cameroun, précédée d’une réunion du Conseil des Ministres du COPAX (14 février) et d’une réunion de la Commission de Défense et de Sécurité (CDS) (11 et 12 février).

Enfin, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC ont profité de l’occasion offerte par la concertation pour convenir de la tenue à N’Djamena, République du Tchad, de la 16ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, au cours de la deuxième quinzaine du mois de mars 2015.

La date exacte sera précisée après consultations des Etats membres par la Présidence en Exercice.

 

Fait à Addis-Abeba, le 31 janvier 2015

Un mini-sommet de la CEEAC pour aider la RCA et combattre Boko Haram
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